Butiner de fleurs en fleurs

Bonjour à toutes et tous ! Je suis Laura, paysanne-herboriste, cueilleuse de plantes médicinales et créatrice d'Herbes et Butineries. Je crée des tisanes et des produits d'herboristerie afin de rendre accessibles les trésors des plantes qui foisonnent autour de nous.

Voilà un moment que je cherche comment donner plus de nouvelles, comment vous offrir, comme autant de fleurs, les pépites que je glane ici et là ?

Je le fais déjà via les réseaux, mais c'est éphémère, dépendant de l'algorithme et parfois frustrant aussi, je cherchais un espace de liberté.

Cette lettre donc, que je vais tâcher de rendre mensuelle, et où vous trouverez : des nouvelles de mes productions et cueillettes, des informations sur une des plantes 'utiles' du mois, des recettes, et aussi des informations pour une phytothérapie plus écologique, de la poésie, des références... Vous pouvez également m'écrire vos remarques, suggestions, et c'est tout un champ s'offre à nous !

Si vous recevez cette lettre, c’est que vous êtes déjà client, ou que nous nous sommes rencontrés sur un marché. Pour recevoir les prochaines lettres des Butineries n'hésitez pas à vous abonner ! Et faites en profitez vos amis en la partageant autour de vous !

Belle lecture !

On est vite trop petit face au sureau !

Le sureau, une galaxie de possibles - [Plante du mois]

Cueillir les étoiles

Telles des galaxies d'étoiles, l'arbuste sureau noir (Sambucus nigra) déploie ses corymbes de petites fleurs odorantes vers le ciel, et recouvre les insectes qui le peuplent de pollen doré. L'odeur est puissante, enveloppante, et donne envie d'en manger !

Le sureau vient de terminer sa floraison dans le sud, mais est bien présent dans toutes les zones un peu plus fraîches. C’est le moment idéal pour partir à sa rencontre, se faire un petit stock de plantes sèches en prévision de l’hiver, ou bien préparer une boisson rafraîchissante et délicieuse. Contrairement au sureau yièble avec lequel il peut être confondu, le sureau noir est un arbuste, reconnaissable à son port arqué vers le sol.

Côté histoire, c’est un arbuste de prime importance pour les celtes, arbre du 13ème mois. Il serait de fait à l’origine de la superstition sur le chiffre 13, au moment ou le christianisme tente de gommer les croyances païennes, les transformant pour certaines en malédictions. Tantôt vénéré, arbre des fées, tantôt diabolisé, arbre des sorcières, il est mystérieux, et ses branches creuses ont été transformées en instruments à vent pour interpeller les esprits. On peut aussi en fabriquer un efficace ‘boufadou’, pour raviver le feu. C’est un arbre compagnon, que l’on retrouve dans toutes les zones sous influence humaine : haies, murets, friches, jardins… Il est associé à de nombreux contes et croyances.

En tradition populaire, toutes les parties ont été utilisées, depuis l'Antiquité : écorce, racines, feuilles, mais la phytothérapie moderne privilégie les fleurs, les baies (plutôt cuites). On fabrique des boissons (champagne des fées), tisanes, sirops, vinaigres, confitures, les possibilités sont multiples ! On cueille les fleurs en mai-juin, et les baies en août-septembre. Rappelez-vous que les pollinisateurs raffolent du sureau, puis que les oiseaux mangent les baies à l'automne, ne cueillez pas plus que vos besoins !

Les fleurs du sureau possèdent 5 pétales soudés à leur base et sont réunies en corymbesLes propriétés du sureau sont à relier à l'élément eau. Les fleurs sont anti-inflammatoire, anti-infectieuses, stimulent l’immunité. En lien avec l’eau, elles ont une action mucolytique, c’est à dire qu’elles favorisent la fluidification du mucus, et donc son évacuation, notamment par l’expectoration. Aspect intéressant, les fleurs sont sudorifiques, elles favorisent la transpiration ce qui peut permettre de réguler une fièvre légère (fébrifuges). Enfin, le sureau est diurétique. Les baies crues sont laxatives, il est recommandé de les cuire ! Le sirop des baies est un bon mode d’administration pour faire profiter aux enfants de ses propriétés antivirales, surtout sur le virus de la grippe.

Une recette toute simple, rafraîchissante : cueillir quelques corymbes de fleurs de sureau et en enlever les tiges principales qui sont amères. Placer les fleurs dans 1 litre d’eau, ajouter le jus d’un citron, placer 12h au frigo. Sucrer selon le goût, avant de déguster bien frais. On peut ajouter une bouteille d’eau pétillante avant de servir. Garder 24h maximum.

Pour en savoir plus, lisez les excellents articles de Christophe Bernard paru dans Plantes et Santé et Gilles Gras sur son blog [Books of] Dant

Vous avez dit écologie ? - [Référence]

Se soigner sans piller, une question de choix et d’efficacité

Je me doutais bien, que les huiles essentielles à toutes les sauces, les gélules de poudre de plantes sauvages comme le ginseng, les parapharmacies format supermarché, ce n'était probablement pas la meilleure idée du siècle. Mais en lisant l'excellent livre 'Manuel de phytothérapie écoresponsable' d'Aline Mercan c'est un monde qui se dévoile, et ce n'est pas joli joli.

Le marché des compléments alimentaires (huiles essentielles, gélules, vitamines, probiotiques etc...) concerne 3000 plantes, et seulement 1/3 peuvent être cultivées. Toutes les autres sont prélevées dans les milieux naturels, générant par leur commerce sous diverses formes 2,3 milliard d'euros en 2021, pour la France seulement. 59 % des français disent consommer ces produits achetés majoritairement en pharmacie et parapharmacie. Il y a 3 conséquences principales à cette consommation croissante de plantes sauvages.

Les milieux naturels souffrent de notre prédation : en France, dans les Vosges qui fournissent les 3/4 de la récolte française d'Arnica montana (bien connue en homéopathie et crèmes contre les bleus), la récolte 2022 a été annulée. La faute à la sécheresse, à certaines pratiques agricoles, mais aussi à la fragilisation des populations d'Arnica par une cueillette accrue au fil des ans.

Ces plantes sauvages sont parfois mal cueillies, pas à la bonne saison, trop cueilles, avec des confusions botaniques, et une fois en gélule, sans faire d'analyses chimiques, aucune possibilité de savoir si le contenu est le bon. Réduites en poudre, les plantes s'oxydent rapidement, et après 6 mois, leur effet est très réduit. Les produits proposés par certaines marques sont donc souvent au mieux inefficaces, au pire nocifs.

Les populations de cueilleurs et cueilleuses, notamment dans les pays "du Sud" sont mal payés, leur revenu dépend de la quantité de plantes qu'ils trouveront. Cela ouvre la porte à une grande précarité, et au pillage des milieux abritant les médicinales. L'harpagophytum ne pousse que dans le désert du Kalahari, et la Namibie produit 90% de la consommation mondiale. La plante est aujourd'hui protégée, menacée de disparition. Des filières étiques existent, mais les cueillettes illégales continuent, mettant les cueilleurs en situation de fraude. Pourtant d'autres alternatives existent, par exemple les principes acifs de l’harpagophytum, des iridoïdes, sont aussi présents dans la Scrophullaire noueuse, plante qui pousse en Europe et qui pourrait être cultivée. A condition de trouver d’autres activités rémunératrices pour les populations concernées.

L'idée n'est pas de faire la leçon, mais juste prendre conscience que les gélules ne poussent pas sur les arbres, qu'entamer une dixième cure de plante en poudre moulues en 2020 et récoltées en 2019, contenant des métaux lourds, c'est inefficace, et c'est encourager un système mortifère.

Se soigner par les plantes, malheureusement, ne va pas toujours de pair avec une consommation plus écologique. L’idéal est de consommer auprès de producteurs et productrices de plantes locales, respectant de bonnes pratiques de cueillette et culture et transformation des plantes. Par exemple en France les producteurs du Syndicat des Simples se sont donné un cahier des charges très exigeant, garant d’une grande qualité et efficacité. Je vous en parlerai prochainement !

Prendre conscience des dérives de la phytothérapie, en ayant des clés d’action c'est tout l'objet du livre d'Aline Mercan, que j'essaierai de compléter par d'autres articles, pour vous donner quelques pistes pour une phytothérapie écoresponsable, locale, et facile d'accès. N’hésitez pas à m’écrire si vous avez des suggestions ou questions !

L’été, saison du coeur [Médecine Traditionnelle Chinoise]

Les saisons en médecine traditionnelle chinoise

En médecine traditionnelle chinoise (MTC), 5 saisons sont décrites, associées à 5 mouvements énergétiques. Le mouvement énergétique du feu, associé à l'été, vient de commencer, pour une apogée le 21 juin, à l'équinoxe, et une redescente jusqu'au mois de juillet.

Plus que des organes au sens de l'anatomie, la MTC à défini 5 phases de transformation, auxquels correspondent des saisons, des organes, couleurs, émotions...
La MTC associe à chaque élément un organe, ici le cœur (aspect yang) (dans une conception plus large que l'anatomie et physiologie en médecine occidentale) et une entraille (aspect yin), ici l'intestin grêle. Cela ne paraît pas logique du tout, mais on peut faire le lien suivant : c'est grâce à l'intestin grêle que le sang est enrichi en nutriments, et grâce au cœur qu'il est mis en circulation.

L'organe associé à l'été est donc le Coeur, maître du système circulatoire, lié à son entraille l'Intestin grêle. Le Coeur est aussi la maison du Shen, L'Esprit (facultés mentales, émotions). La joie est associée à cette période, profitons de l'été lumineux pour rayonner, concrétiser nos projets, vivre nos émotions en conscience, sans être débordé.es

Le mouvement énergétique de l'été est aussi celui du feu en Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC). Le temps de l'expansion, de la flamboyance du Yang est advenu après le temps d'incorporation de l'intersaison. C'est le temps de la chaleur, qui peut se transformer en canicule et alors léser le corps.

Certains aliments et plantes peuvent accompagner le corps dans cette saison feu, notamment pour abaisser la température en période de canicule.

Comment soutenir le cœur dans cette période ?

ALIMENTATION : Les aliments associés en MTC à l'amer ou au frais : Haricot blanc, Blé, Chicorée, Asperge, Jaune d’œuf, Pourpier, Céleri, Pastèque. Le thé, café, à petites doses. Le citron, la menthe, rafraîchissent.

Limiter les aliments gras et salés. Végétaliser au maximum son alimentation avec des produits frais, si possible bio.

MODE DE VIE : il est essentiel d’avoir une activité physique modérée régulière (au minimum 30 minutes de marche par jour). On peut pratiquer 5 min de cohérence cardiaque par jour afin de travailler sa respiration et apaiser le rythme cardiaque.

HERBORISTERIE : les plantes aidant le fonctionnement du coeur : (Aubépine, Agripaume), la santé artérielle (Ail, Olivier) le retour veineux (Vigne rouge, Noisetier, Cassis). Elles peuvent être consommées régulièrement en tisane dans des mélanges adaptés, ou sous forme de cure de compléments alimentaires (poudre de plante de bonne qualité, alcoolatures…)

GEMMOTHERAPIE : Aubépine, Cornouiller sanguin, Châtaignier, Aulne, Amandier, les bourgeons de ces plantes macérés dans de l’alcool, de la glycérine végétale et de l’eau pure ont un tropisme sur le bon fonctionnement cardiovasculaire.

Le coquelicot embrase les friches, annonciateur de la chaleur estivaleBien sûr tous ces conseils ne se substituent en aucun cas à une consultation médicale, ni à un traitement ! Pour toute question, consultez votre médecin ou pharmacien.

Où trouver mes produits cet été ?

Les marchés d'été approchent, j'ai hâte de vous retrouver et d'échanger avec vous. C'est toujours une grande chance pour moi de pouvoir partager autour des plantes médicinales.

Je serai présente à la journée ‘Bien manger' le 2 juin à Cendras (30), avec Les Secrets des Cévennes, producteurs de plantes médicinales. Atelier pour les enfants le matin et pour les adultes l'après-midi. Le soir marché et concert à partir de 18h.

Retrouvez-moi à la foire salé sucré à Anduze le 25 juin toute la journée au côté d'autres fabuleux producteurs des Cévennes.

Enfin je serai présente tous les mardi matin du mois de juillet pour le marché de producteurs de Vézénobres . Rien que le village vaut le détour!

Je serai présente les 22 et 23 juillet au soir à Alès, pour les soirées des Fous Chantants

Vous n'avez pas la chance d'habiter dans la Gard ? Consolez-vous : vous trouverez tous mes produits sur la boutique en ligne, propulsée par la plateforme Coopcircuit (une plateforme étique, conçue pour les circuits cours et les petit.es producteurs.ices).

Mes productions - Du monde sauvage à votre tasse

Une boutique, des marchés, oui, mais pour y trouver quoi ? Je vous propose cette année : non pas, une , ou deux, ou même trois, mais bien sept sortes de tisanes différentes ! Synergies matinales, hivernales, douleurs menstruelles, apaisantes, digestives, il y en a pour tous les goûts, disponible pour chacune en sachet kraft, ou bien dans de mignons pochons en tissus, réalisés par l’association Faire, qui forme des personnes en situation difficile aux métiers de la couture. Disponible aussi les plantes simples : aubépine, bruyère,

J'ai également confectionné du sel au Serpolet, dans une joli fiole de verre, (les avis sont unanimes : délicieux) et des bâtons de fumigation à la sauge et au romarin.

Enfin nouveauté : la gemmothérapie, macération de bourgeons dans de l’alcool, glycérine végétale bio et eau pure. Sont disponibles sur les marchés : la ronce, le châtaignier, l’églantier, le peupmlier noir et le platane. Je ne les vends pour le moment que sur les marché car c’est important pour moi de vous expliquer leur usage, mais vous pouvez me contacter si vous avez des questions.

J'ai mis beaucoup de cœur dans toutes ces confections et j'ai très hâte de les savoir dans vos tasses !

Tisane 'Lune rouge' , douleurs menstruelles

A très vite !

J’espère que vous avez apprécié votre lecture !

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Vous pouvez me faire part de vos remarques question suggestions etc : herbesetbutineries@gmail.com