Entretenir son feu intérieur
Chères lectrices et lecteurs, bonjour! Je suis ravie de vous retrouver pour cette nouvelle année, avec un numéro des Butineries bien fourni, après une pause en janvier !
La première plante à ouvrir cette année est un arbuste, le noisetier, nourricier et magnifique. Je débute aussi une nouvelle série sur les plantes toxiques (sans transition).
L'année 2024 s'annonce très riche en changements, appren-tissages, et croissance pour Herbes et Butineries ! Je vous souhaite beaucoup de douceur et de lumière, de prendre soin des petits bonheurs, et de vous relier aux trésors végétaux qui nous entourent tous et toutes.
Je vous remercie infiniment pour votre soutien en 2023, et nous continuerons à cheminer ensemble cette année !
Le mois de janvier est un mois de calme apparent pour moi, c'est une pause bienvenue, qui permet de faire le tri des évènements de l'année, de préparer la saison en travaillant sur les plans du futur jardin, de commander les graines… Mais aussi de jolies marches en montagne lorsque le temps le permet, ou des lectures au coin du feu. Laisser décanter l'année et prendre soin de son feu intérieur. J’attaque maintenant février en pleine forme !
et déjà, le printemps s'annonce !
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Belle lecture !
Le noisetier [Plante du mois]
Commençons cette année avec un arbuste très présent chez moi, compagnon des sociétés humaines depuis des millénaires, des traces de consommation des noisettes ayant été datées de 12000 ans. (Isère, Paladru).
Le Noisetier (Corylus avellana), appartient à la même famille botanique que le bouleau, les Bétulacées. Et c'est bien visible en ce moment, avec les chatons, qui sont des inflorescences de fleurs mâles, qui déversent leur pollen, et qui ressemblent bien aux chatons du bouleau.
Une pluie de chatons !
Mais aujourd'hui je vais surtout vous parler des bourgeons, que je vais récolter d'ici quelques semaines, et qui sont fort à propos pour les maux hivernaux affectant les poumons.
Si vous en avez l'occasion, je vous conseille de profiter d'une balade pour observer le noisetier. Vous repérerez les chatons de loin, on ne peut pas se tromper. Observez les tiges, dont certaines sont velues comme un kiwi, et regardez les bourgeons. En étant attentif, on découvre un joli bourgeon surmonté d'un plumeau pourpre sur certaines branches. Vous venez de faire la rencontre des inflorescences femelles du noisetier ! Il n'y a que le pistil qui dépasse, tout le reste de la fleur est cachée sous les écailles du bourgeons. Et pourtant, c'est cette partie-là qui vous régalera en noisettes au mois de septembre.
Le bourgeon terminal, surmonté du joli plumeau des pistils
Vous venez donc aussi de faire connaissance avec le bourgeon de noisetier. Il est petit et globuleux, en spirale brun clair. La récolte des bourgeons se fait entre février et mars selon les régions et les altitudes. Je ferai un article au mois de mars sur la façon dont je prépare les extraits de gemmothérapie. Ce qui est sûr, c'est que c'est un petit bourgeon, il faudra donc être patient pour la cueillette ! C'est par contre un arbuste qui est fréquent dans la nature, dont les rejets et les bourgeons sont abondants, et qui permet d'envisager une quantité récoltée, sans abîmer les ressources de l'arbuste.
Les inflorescences mâles et... vous voyez les fleurs femelles ? sisi !
Les propriétés du bourgeons de noisetier ciblent différents tissus et organes : la moelle rouge des os, le système circulatoire, le foie et les poumons. Le bourgeon de noisetier accompagne le corps pour assouplir et cicatriser le tissu conjonctif dans ses différents organes cibles. On l'emploie ainsi dans les pathologies ou les tissus sont abîmés.
En gemmothérapie, le bourgeon de noisetier est principalement utilisé comme draineur pulmonaire, idéal lorsque le tissu pulmonaire est endommagé et sclérosé, notamment pour les personnes sujettes aux crises d'asthme fréquentes ou aux bronchites chroniques. Le noisetier contribue à restaurer la souplesse du tissu pulmonaire. À la fin de l'hiver, le bourgeon de noisetier peut être bénéfique pour les affections pulmonaires persistantes accompagnées de toux. Il peut également être associé à la ronce, un remède phare pour la régénération des tissus.
Le noisetier soutient la production de globules rouges dans la moëlle, bénéficiant aux personnes anémiées (anémie ferriprive). Il agit comme un tonique veineux et hypo-coagulant, utile pour les œdèmes des jambes, les ulcères variqueux et les artérites fréquents chez les fumeurs.
Le bourgeon de noisetier joue également un rôle dans le soutien du foie, en particulier dans la régulation des lipides sanguins (cholestérol, triglycérides), et il est recommandé en association avec le genévrier lorsque les tissus du foie sont endommagés.
Enfin, le bourgeon de noisetier est indiqué dans les cas de fatigue nerveuse, de dépression et de stress.
J’espère que ces quelques lignes vous auront donné envie de partir observer les fleurs et bourgeons de noisetier, et pourquoi pas, apprendre à préparer votre macérat de bourgeons pour une cure de fin d’hiver ?
Ces informations résultent de recherches bibliographiques sur l'usage de ce bourgeon en phytothérapie moderne. Elles ne remplacent en aucun cas un avis médical ou une prescription.
Sources :
L’héllébore fétide, reine des bois [Plantes toxiques]
Dans le cadre de ma formation en herboristerie, je dois réaliser un herbier, si possible à thème. Voilà des mois que je me creuse la tête, et qu’une idée germe. Je vais tenter de réunir dans mon herbier les plantes toxiques qui m’entourent. Je vous emmène avec moi dans ces découvertes botaniques, où les plantes sécrètent des poisons, qui sont aussi parfois, la dose faisant la cure, des remèdes allopathiques ou homéopathiques.
Vous la connaissez en jardinerie, sous le nom poétique de rose de Noël. Il s’agit là d’une variété cultivée, mais ses cousines sauvages peuplent nos forêt, et les éclairent de leur floraison vert-jaune, au cœur de l’hiver.
Les hellébores appartiennent à la famille des Renonculacées, grande famille botanique de toxiques, comme le mieux connu Bouton d’or (Ranunculus repens). Autour de chez moi, on trouve l’hellébore fétide (Helloborus foetidus). Tout dans cette plante traduit, le hors-norme, le défi face aux velléités humaines de classification, d’ordre.
L’hellébore défie l’ordre des saisons. Elle fleurit de janvier à avril, et c’est une joie toujours renouvelée pour moi de voir grandir son inflorescence sous la neige. Elle passerait presque inaperçue à une autre saison, et pourtant, en plein hiver, elle semble nous dire : “qu’importe le froid, qu’importe que ce ne soit pas ce que font les autres plantes, je brille !”. C’est une plante qu’on trouvera en lisière ou dans les bois clairs, comme les hêtraies-sapinières.
Sous la neige, l'héllébore prépare ses fleurs
Si vous la rencontrez dans les prochains jours, tentez de comprendre l’architecture particulière de ses feuilles très découpées, qu’on dit “pédalées” : une foliole en entraîne une autre, et on peut en compter de 7 à 11. C’est toujours comme ça avec l’hellébore. On tente de compter les pièces composant la fleur, les feuilles et on ne tombe jamais sur le même chiffre. C’est une plante qui incarne l’inconstance. La fleur est composée de pièces vertes liserées de pourpre, qui traduisent encore ce flou : des pétales qui sont en fait des sépales (sépales pétaloïdes) (pièces botaniques externes à la fleur et qui protègent le bouton floral) et les pétales sont transformées en pièces sécrétant du nectar, qui viendra régaler les insectes au cœur de l’hiver. Cette plante entretien un rapport étroit avec différentes cortèges d’insectes, et notamment pour la propagation de ses graines, qui sont dotées d’un petit organe très appètent pour les fourmis, qui permettent la dissémination de notre belle verte en le rapportant dans leurs fourmilières.
L’hellébore entretient également des relations avec les humains qui se sont longuement penchés sur ses bizarreries, jusqu’à l’utiliser pour soigner … la folie ! C’est même directement de cet usage qu’elle tire son nom. Elle est citée par Hippocrate et de nombreux auteurs par la suite, y compris Hildegarde de Bingen dont je vous ai déjà parlé ! Lorsqu’on connait aujourd’hui la toxicité de l’hellébore, il y a de quoi être intrigué par les usages passés divers et variés. C’est la racine qui est employée, et on peut supposer qu’il existait des modes de préparation permettant d’en atténuer la toxicité, qui était elle aussi bien connue (et utilisée…).
Les études actuelles ont montré que la racine de l’hellébore fétide (et ses cousines hellébore verte et hellébore noire) contient notamment des molécules cardiotoxiques (hellébroside), émétiques et purgatives. 70g de racine sèche peuvent tuer un gros bovin, il est donc très déconseillé de l’ingérer !
Ce qui est souvent le cas avec les toxiques, HELLEBORUS NIGER, est un médicament homéopathique préparé à partir de la racine de l’hellébore noire. On conseille HELLEBORUS pour les cas de dépression grave, où la personne est apathique, mélancolique, comme engourdie, passive et ne réagit pas aux sollicitations visuelles et auditives. Peut aussi être employé dans certaines affections cérébrales. Je trouve le parallèle avec les usages anciens très intéressants.
J’espère que vous croiserez l’hellébore sur vos chemins de promenade, et que vous prendrez le temps de l’observer et de me dire, si vous aussi elle vous fait une drôle d’impression !
Les ateliers d’herboristerie reprennent [Ateliers]
Après une pause en Janvier, les ateliers d’herboristerie reprennent à la boutique de créateurs Signature.s à Grenoble (7 Rue Raoul Blanchard)
Un joli moment à offrir ou s’offrir pour découvrir les plantes médicinales et leurs usages.
Je propose deux formats d’atelier à la suite desquels vous repartirez avec vos créations. Toutes les plantes ont été cueillies par mes soins, et les macérats huileux préparés cet été ☀️. Nous utiliserons aussi la cire des abeilles extraite à mon atelier !
Atelier fabrication de baumes médicinaux
C’est pour vous si… vous avez envie d'apprendre fabriquer vos propres remèdes pour les petits maux de tous les jours. Venez découvrir la fabrication de baumes, et repartez avec un baume cicatrisant et un baume musculaire réalisé par vos soins, ainsi qu'un livret explicatif avec les recettes pour pouvoir les refaire à la maison.
L'atelier débute par la présentation des différentes étapes de réalisation d'un baume, à l'interface entre cuisine et chimie. Je vous propose ensuite une exploration sensorielle des différents ingrédients. Nous explorerons ensuite leurs vertus avant de passer aux étapes de réalisation des deux baumes à partir de macérations huileuses réalisées par mes soins, d'huiles essentielles et de cire d'abeille. Les baumes seront réalisés en adaptant les recettes à vos besoins.
Deux dates en février pour cet atelier :
Atelier fabrication d’une tisane hivernale
C’est pour vous si… vous avez envie d'apprendre à confectionner une tisane à boire bien au chaud sous un plaid. Venez découvrir les plantes médicinales de l'hiver et repartez avec votre sachet de tisane composé des plantes sauvages que vous aurez choisies, ainsi qu'un livret explicatif des plantes sélectionnées.
L'atelier débute par la présentation des différentes étapes de composition d'une tisane. Je vous propose ensuite une exploration sensorielle des plantes présentées. Nous les nommerons, puis je vous partagerai leurs différentes vertus pour accompagner les maux de l'hiver. Vous pourrez ensuite sélectionner les plantes de votre choix, composer votre recette et élaborer votre sachet personnalisé.
Une date en février pour cet atelier :
Le Mardi 13 février de 18h à 20h.
N’hésitez pas à transférer cette lettre si vous avez des Grenoblois intéressés par les ateliers dans votre entourage !
Journée "Sauvages du Printemps" - 7 avril 2024, Herbeys
Je suis très heureuse de coorganiser une journée autour des plantes sauvages du printemps, occasion d’un échange plus long et plus approfondi que les ateliers.
Déjà bouillonnante depuis des semaines, au cœur des racines et des troncs, l'énergie végétale montante n'attend pas les premiers rayons chauds pour s'épanouir. Partons ensemble à la la découverte des plantes sauvages qui nous entourent et s'éveillent au printemps, concentrant dans leurs jeunes pousses leurs bienfaits. L'occasion de prêter attention aux plantes anodines mais puissantes, de se relier aux trésors végétaux en les sublimant dans des préparation d'herboristerie et de nettoyer nos corps à la sortie de l'hiver.
Nous partirons ensemble en balade botanique le matin, afin d'observer, toucher, sentir, peut être goûter les plantes des prairies et bois autour d'Herbeys.
Le midi nous pourrons partager un repas, agrémenté de nos cueillettes.
L'après-midi sera dédié aux fabrications à partir de nos cueillettes ou de plantes de ma production : huiles de macération, baume, vinaigre, tisane. Vous repartirez avec vos créations, pour continuer à cheminer avec les plantes bien après cette journée d’explorations.
Réservez vite par mail : rabotjoffre@orange.fr
Quand ? : Le 7 avril
Où ? : Herbeys (38)
Horaire : de 9h à 16h30
Limité à 8 personnes
Les marchés - [A vos agendas]
Vous n'avez pas la chance d'habiter en Isère ? Consolez-vous : vous trouverez tous mes produits sur la boutique en ligne, propulsée par la plateforme Coopcircuit (une plateforme étique, conçue pour les circuits cours et les petit.es producteurs.ices).
Vous habitez autour de Grenoble et rêvez de retrouver vos tisanes préférées dans votre magasin paysan ? Faites moi signe, je cherche des lieux de distribution !
Mes productions - Du monde sauvage à votre tasse
Agronome, cueilleuse, herboriste, paysanne, je tisse toutes mes connaissances pour vous proposer des produits d’herboristerie et d’épicerie fine délicieux et sains, pour vous permettre de cheminer avec les plantes au quotidien.
Je propose également des ateliers et des accompagnements, n’hésitez pas à me solliciter par mail si vous voulez en savoir plus !
Prenez soin de vous, et de ce qui est autour de nous :)
J’espère que vous avez apprécié votre lecture !
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Vous pouvez me faire part de vos remarques question suggestions etc : herbesetbutineries@gmail.com