Prendre racines

Chères lectrices et lecteurs, bonjour ! Je suis ravie de vous retrouver pour ce nouveau numéro de la lettre des Butineries. Vous trouverez dans cette lettre des informations sur la plante du mois, le thym, ainsi que ma recette du sirop de sureau, et des nouvelles sur mon installation !

J’ai dû faire une pause dans cette lettre pendant mon installation en Isère, le temps d’atterrir un peu ! Nous nous retrouvons dans cette lettre avec les énergies automnales qui peinent à s’installer dans ma nouvelle région, il fait toujours très chaud et sec, et pourtant la lumière d’octobre est là.

J’attends les couleurs d’automne avec impatience, et un peu d’inquiétude aussi. Nous ne savons pas comment les sécheresses répétées influent sur les arbres, et beaucoup d’entre eux affichent des feuilles toutes sèches. Les arbres ont besoin de l’automne pour “ranger” les molécules contenues dans les feuilles et faire du stock de sucre dans les vaisseaux des troncs et feuilles. Cette concentration plus élevée en sucres protège du froid. C’est pour cela qu’on attend en général la chute des feuilles, synonyme de fin de la mise en réserve et descente de la sève, pour tailler les arbres. Si les feuilles sèchent en fin d’été, les nutriments des feuilles sont perdus, et l’arbre s’épuise au printemps. Il est très probable qu’au fil des sécheresses, la composition de nos forêts soit amenée à évoluer.

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Belle lecture !

Herbes et Butineries prend racine ! [Nouvelles]

Chaudement arrivée dans le petit village des Côtes de Corps (38), je prends mes marques peu à peu. Après avoir débroussaillé le terrain au mois d’août, je profite de la repousse des orties qui sont magnifiques, pour refaire un peu de stock avant l’hiver. Je vous parlerais de l’ortie le mois prochain, c’est une vraie alliée de la saison automne hiver printemps :).

L’automne, c’est le moment de préparer le printemps ! Il est temps de préparer le sol à passer l’hiver pour pouvoir bien cultiver l’an prochain (c’est à dire sans trop de chiendent et de liseron…). Une fois n’étant pas coutume, je vais réaliser un petit labour de faible profondeur afin d’ouvrir mon terrain qui n’a pas été cultivé depuis une dizaine d’années. Je ne souhaite pas être mécanisée (avec un tracteur) par la suite, mais là c’est nécessaire pour démarrer sur de bonnes bases. Nous avons fait un premier essai de labour qui s’est révélé infructueux car mon terrain est en pente et planté de pommiers. Avec le tracteur il était très difficile de manœuvrer et de travailler convenablement sans abîmer les arbres. Le labour se fera donc dans quelques jours avec un bon motoculteur, cela devrait être plus maniable !

Après le débroussaillage

Après cette préparation du sol je voulais semer un engrais vert afin que les plantes travaillent pour moi les 6 prochains mois, avant la plantation. Malheureusement j’ai pris beaucoup de retard et même s’il fait encore très chaud, le couvert n’aura pas le temps de bien s’installer avant l’hiver. Je dois donc m’adapter encore et encore, et trouver le meilleur compromis ! Je pense que j’essaierai de faire un semis d’engrais vert tôt au printemps, avant les plantations.

Sinon, j’ai commencé à dessiner les plants du jardins grâce au site Tisane et Jardin qui me facilite la tâche ! Je recommande à tous ceux qui veulent se faire un plan de potager ou de jardin Je vous montrerai le résultat !

Le Thym officinal - [Plante du mois]

Le thym officinal, (Thymus officinalis) est une plante bien connue des remèdes de grands mère, mais comme bien d’autres aromatiques, il est plus relégué dans les placards de nos cuisines que comme un remède intéressant et facile d’accès.

Le thym entre dans la catégorie des médicinales qu’on appelle une panacée. Une panacée, c’est un remède multiple, qui fait référence à la déesse grecque Panacée, citée dans le serment d’Hippocrate. Les usages du thym sont anciens, on en trouve des traces dès l’Egypte ancienne, où le thym faisait partie des plantes utilisées en fumigation dans les temples et lors des rituels d’embaumement, signe que déjà on connaissait ses propriétés anti-bactériennes. L’usage médicinal est retrouvé chez les grecs anciens, avec de nouvelles propriétés qui s’ajoutent selon les auteurs. Il est recommandé pour les personnes mélancoliques et utilisé comme antitussif, tonique digestif. Le thym a toujours été considéré comme une plante réchauffante dans les différentes traditions. Sainte Hildegarde de Bingen, abbesse allemande du XIIè siècle, classe les plantes selon 4 catégories qui rappellent les classifications des aliments et plantes de la pharmacopée traditionnelle chinoise. Elle distingue les plantes selon leur nature chaudes/froides/sèches/humides. Le thym fait partie des plantes chaudes et sèches, il est recommandé contre la toux, les spasmes, la gale, les poux… Ces usages traditionnels recoupent pour beaucoup les usages en phytothérapie moderne.

Le thym abrite une grande diversité d'insectes pollinisateurs

Mais d’abord, avant de consommer le thym, il faut, soit s’en procurer auprès de votre herboriste préféré, soit aller le cueillir soit même. Cueillir le thym, comme beaucoup d’autres plantes ne consiste aucunement à simplement se baisser et tout arracher, comme je l’ai souvent observé, frôlant la crise cardiaque. Le thym est un petit arbrisseau qui pousse en garrigue, milieu aride et difficile. On imagine donc facilement qu’il faut un certain temps pour creuser son chemin entre le calcaire, émettre des racines puissantes pour aller chercher l’eau. S’il est si aromatique, c’est par la présence de poches à essence sur la tige et les feuilles. Ces essences (futures huiles essentielles après distillation) protègent la plante des UV, des herbivores et des bactéries. Le thym est donc une plante bien ancrée, forte, qui ne mérite pas d’être déracinée !

Une placette de cueillette rudement éprouvée par la sécheresse

Pour bien cueillir le thym, il ne faut prélever que la pousse de l’année, c’est à dire une tige qui n’a pas encore fabriqué de bois, elle doit être souple, et pouvoir être coupée facilement avec un couteau ou des ciseaux. Autrement, si on attaque le bois, la plante est endommagée et elle peut mourir selon la gravité de votre prélèvement. Utiliser les plantes pour se soigner, oui, les décimer, c’est non. Il faut savoir que le thym de garrigue est une ressource fragilisée par divers facteurs : fermeture des milieux par disparition du pastoralisme, récolte mal réalisée, et changement climatique. J’ai vu cette année certaines de mes placettes de cueillettes totalement mortes à cause de la sécheresse et canicule de l’été 2022. Cela fait mal au cœur de voir une coriace comme le thym disparaître peu à peu, il faut donc faire attention à la cueillette. Je cueille le thym pendant sa floraison, quand il bourdonne d’abeilles, et je ne cueille jamais toute une parcelle, mais plutôt une plante sur 4, et 3 poignées maximum par plant. On peut aussi avoir du thym au jardin, il sera moins concentré, mais il est tout de même très intéressant d’utiliser le thym frais et à portée de main !

Cueillir le thym avec précaution, et un couteau bien aiguisé

Passons maintenant aux propriétés du thym qui sont multiples. On peut se rappeler de la qualité réchauffante du thym, et c’est vers lui que l’on se tournera en premier en rentrant d’une balade d’automne ou d’hiver où l’on s’est senti attaqué par le vent froid, quand on rentre à la maison en ayant sensation “d’avoir pris froid”.

Le thym à des propriétés antibactériennes, et antiinfectieuses, antifongique. On l’emploie à ces fins dans les affections des bronches et ORL. Le thym fluidifie les sécrétions bronchiques, facilite l’expectoration et désinfecte. Dès les premiers signes de rhume, et même si cela évolue avec les bronches prises, on pourra persister avec le thym en infusion, à raison d’un litre par jour, pris régulièrement dans la journée.

Une autre indication intéressante est l’emploi du thym comme antiseptique digestif, et dans ce cas il est indiqué pour les digestions difficiles, gastro-entérites, à raison de 3 tasses d’infusion par jour, qu’on peut compléter par du rhizome de gingembre frais.

J’espère qu’avec tout cela, vous ne regarderez plus votre bouquet garni du même œil, que vous n’arracherez plus le thym de garrigue, et que peut être un petit pied de thym fleurira sur votre balcon ou dans votre jardin ! Je rappelle qu’il s’agit ici de délivrer des informations vérifiées sur cette plante, et que cet article ne se substitue en aucun cas à l’avis d’un professionnel de santé :).

Un sirop anti grippe avec les baies du Sureau [Recette]

Je vous parlais du Sureau noir (Sambucus nigra) et de ses fleurs dans une lettre précédente. Il est toujours possible d’en cueillir les fruits (mais assez vite la saison passe), et de les conserver sous la forme d’un délicieux sirop qui ravira petits et grands, en plus d’accompagner l’hiver et les états grippaux.

Le Sureau noir est un arbuste dont les branches se courbent vers le sol, les baies sont réunies en “grappes”, elles sont de pourpres à noires et tachent les doigts, un peu comme des myrtilles, les tiges des grappes tirent sur le rouge. Quand ils sont à maturité, les grains se détachent, et il y aune odeur qui rappelle le marc de raisin. Les feuilles de l’arbuste sont composées de plusieurs folioles. Avec ces indications, vous devez normalement arriver à l’identifier. Ne cueillez que si vous êtes certains de votre identification, aidez vous de livres de botanique, de flores et de planches botaniques.

Presque mûr

Les baies de sureau ont une activité démontrée contre le virus de la grippe, et sont aussi plein de vitamines et antioxydants.

Passons à la recette !

Procéder à la cueillette en prenant les grains murs à point. On peut cueillir les grappes avec des ciseaux, puis les trier à la maison en enlevant les tiges et impuretés. Cela prend un temps certain, donc, ne pas trop cueillir au risque de se décourager ! Plus qu'à enlever les tiges...

• Mettre 250g de baies fraîches dans 500ml d’eau, faire frémir 30min à couvert. Si vous en appréciez le goût, vous pouvez ajouter 1 clou de girofle et 1 bâton de cannelle. Dans tous les cas, laisser reposer 30 min hors du feu.

• Filtrez et pressez votre mixture : soit avec un presse purée, soit dans un linge (c’est le moment où il est très probable que vous en ayez partout et que vos mains restent bleues quelques jours, vous êtes prévenus ! )

• Mesurez le poids du liquide obtenu, et calculer pour se retrouver avec un sirop à 60% de sucre au final. (Poids du sucre = poids du liquide x 800 / 500).

• Remettre le liquide à chauffer et ajouter le sucre en remuant jusqu’à ce que celui ci fonde.

• Mettre en bouteille stérilisée le liquide bouillant, remplir à raz bord et bien refermer.

Les baies cuites, prêtes à être pressées

Le sirop se conserve 1 an et 2 mois au frais une fois ouvert.

Ce sirop peut être donné aux enfants directement à la cuillère ou dans de l’eau, en prévention comme fortifiant du système immunitaire ou pendant une grippe. Pendant la grippe les dosages sont les suivants pour les plus de 6 ans : une cuillère à café toutes les 2 h, 6 fois par jour maxi. Pour les enfants entre 2 et 6 ans ce sera ½ cuillère à café, 6 prises par jour. Pour les adultes, ce sera une cuillère à soupe, 6 prises également.

Plein de variantes sont possibles : avec du thym, du gingembre, de la cardamome faite selon votre goût, selon les épices utilisées, l’action du sureau sera combinée avec celles des épices réchauffantes. A noter qu’il ne faut pas consommer les baies crues, elles pourraient provoquer une bonne diarrhée…

Les tout-petits mots - [La tisane du mois]

La tisane du mois c’est Les tout petits mots, une tisane avec des plantes choisies pour accompagner les petites infections hivernales.

Elle est composée de thym et d’origan choisis pour leurs propriétés antivirales et antibactériennes, de feuilles de châtaignier et de fleurs de sureau et de coquelicot pour faciliter l’expectoration et le nettoyage des bronches, et de cynorrhodons (fruits de l’églantier) et d’ortie pour lutter contre la fatigue et renforcer les défenses immunitaires. L’ensemble est assez délicieux, pas besoin d’attendre d’être malade pour la déguster !

Elle sera à nouveau disponible sur la boutique en ligne d’ici très peu de temps !

Les cynorrhodons, bombes de vitamine C

Les marchés - [A vos agendas]

• Retrouvez moi 3 samedis matin par mois au marché de Mens dans le Trièves, c’est très sympa, beaucoup de producteurs et un cadre magnifique ! (le quatrième samedi, je suis en classe d’herboristerie ! )

• D’autres marchés ponctuels à venir, notamment avec les marchés de Noël (oui je sais c’est tôt)

Vous n'avez pas la chance d'habiter en Isère ? Consolez-vous : vous trouverez tous mes produits sur la boutique en ligne, propulsée par la plateforme Coopcircuit (une plateforme étique, conçue pour les circuits cours et les petit.es producteurs.ices).

Vous habitez Grenoble et rêvez de retrouver vos tisanes préférées dans votre magasin paysan ? Faites moi signe, je cherche des lieux de distribution !

Mes productions - Du monde sauvage à votre tasse

Je vous propose un assortiment de tisanes délicieuses : synergies matinales, sommeil, hivernales, douleurs menstruelles, apaisantes, digestives, il y en a pour tous les goûts, disponibles pour chacune en sachet kraft, ou bien dans de mignons pochons en tissus, réalisés par l’association Faire, qui forme des personnes en situation difficile aux métiers de la couture. Disponible aussi les plantes simples : aubépine, bruyère, tilleul.

Enfin la gemmothérapie, que je ne vends pour le moment que sur les marché car c’est important pour moi de vous en expliquer l’sage, mais vous pouvez me contacter si vous avez des questions.

J'ai mis beaucoup de cœur dans toutes ces confections et j'ai très hâte de les savoir dans vos tasses !

Prenez soin de vous, et de ce qui est autour de nous :)

J’espère que vous avez apprécié votre lecture !

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Vous pouvez me faire part de vos remarques question suggestions etc : herbesetbutineries@gmail.com